Photo : étang de Sologne. Crédits : Jean Pierre Le Ridant [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons.

 

Pour cette treizième émission, Feuilles vives prend la direction de la Sologne avec un reportage sur la déprise agricole. Depuis les années 1950, et surtout depuis une trentaine d’années, les terres cultivées de Sologne reculent au profit de forêts inextricables (cf. cartes ci-dessous). Une demi-heure pour décrypter les raisons et les conséquences de cet enfrichement accéléré, en compagnie du géographe Bertrand Sajaloli, maître de conférences à l’université d’Orléans et directeur adjoint du Centre d’études pour le développement des territoires et de l’environnement (Cedete).

En 2016, il publie un article dans le Bulletin du GRAHS (Groupe de recherche sur l’archéologie et l’histoire de la Sologne), où il analyse les liens entre propriété foncière et occupation du sol en Sologne depuis le XVIIIe siècle. Les cartes suivantes montrent l’évolution de l’occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny-le-Ribault.

 

Occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny le Ribault en 1823.

Occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny-le-Ribault en 1823.

 

Au fil du XIXe siècle, les landes solognotes (rose) laissent la place à des champs (jaune) et à des terres de pâtures plus fertiles (verts). De 1823 (ci-dessus) à 1913 (ci-dessous), on voit bien la progression des terres cultivées sur la lande inculte, mais aussi d’un premier boisement (marron).

 

Occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny le Ribault en 1913.

Occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny-le-Ribault en 1913.

 

Tout au long de la première moitié du XXe siècle, on retrouve l’équilibre entre cultures (jaune), forêts (marron) et terres pâturées (rose, verts) évoqué par Bertrand Sajaloli dans le reportage. Les bois avancent un peu, et le sud-est du secteur commence à s’urbaniser, avec l’implantation de jardins et de vergers.

 

Occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny le Ribault en 1955.

Occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny-le-Ribault en 1955.

 

L’évolution de ce secteur depuis les années 1950 est représentative de la Sologne : en 2012, les terres cultivées (jaune) ont quasiment disparu au profit de l’enfrichement (forêt), des prés (vert clair), mais aussi de l’urbanisation, comme en témoigne la progression des jardins individuels (orange).

 

Occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny le Ribault en 2012.

Occupation du sol dans le secteur nord-ouest de la commune de Ligny-le-Ribault en 2012.

Référence : « Géohistoire et géomatique : une approche interdisciplinaire au service des trajectoires et des patrimoines paysagers. Exemple de la Sologne du Nord (XVIIIe-XXIe siècles) », Bulletin du GRAHS, Bernard Eudes, Lamotte-Beuvron, t. 38, n° 3, 07-09/2016, pp. 25-50.

 

L’enfrichement rapide et de la Sologne, et la prolifération du grand gibier (cervidés, sangliers) qui l’accompagne, sont des phénomènes récents encouragés et amplifiés par la propriété foncière et par les fédérations de chasse. Grandes familles locales, petits propriétaires solognots ou parisiens et grandes fortunes nationales contribuent tous à cette dynamique de fermeture des paysages et de marginalisation du territoire (cf. reportage France 3 ci-dessous). Leur intérêt : des terres boisées, giboyeuses et encloses ont bien plus de valeur foncière que des terres cultivées ou des pâtures.

Au milieu de tout cela, les éleveurs restants doivent faire face à la pression croissante du grand gibier, dévastatrice pour les cultures, aux pressions de propriétaires désireux de convertir leurs terres à la chasse, et donc de chasser leur agriculteur locataire en dépit des protections prévues par le statut du fermage, et à la raréfaction des exploitations agricoles qui remet en cause les réseaux d’entraide et de coopération. Jean-Marc Vallet est éleveur au hameau de Monçay (10 km au nord des cartes ci-dessus) : dans cette émission, il témoigne sur les difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de son métier, et sur le long combat judiciaire qu’il a mené contre l’un de ses propriétaires.

 


Le reportage, en cinq parties, de France 3 sur la Sologne, dont vous pouvez retrouver des extraits dans ce reportage :

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=dBpvrbqA43Y&t=12s]

 

  1. Les grandes propriétés
  2. Les projets bloqués
  3. Le parc naturel régional
  4. L’économie locale
  5. La chasse

Détails sur le statut du fermage

Le podcast :