Photo : classe de sixième du collège Lavoisier à Oucques, devant une ancienne église du village, dans le cadre de projet de « classe patrimoine » piloté par Sarah Eloire et le CAUE 41, le 23 février 2008. Crédits : Nicolas Patissier pour Studio Zef.

 

Après la pédagogie du jardin avec le collectif des Métairies, on passe à la pédagogie du patrimoine, dans ce reportage. C’est la deuxième année que Sarah Eloire enseigne l’histoire et la géographie au collège d’Oucques. Avec le soutien du Conseil architecture, urbanisme et environnement (CAUE), elle a monté un projet de « classe patrimoine » avec deux classes de sixième. L’occasion pour ces enfants de découvrir les particularités de leur village et de son environnement immédiat. Sorties et cours sur le patrimoine et l’histoire locaux, recueil de témoignages auprès d’habitants… Ce projet doit aboutir, en juin prochain, à la réalisation de mosaïques qui reprennent les motifs des nombreuses façades décorées d’Oucques, et à la création de contes à partir de témoignages recueillis auprès des habitants. Ces deux ateliers sont respectivement menés par la peintre Nelly Monnier et par le conteur Jean-Claude Botton.

Les anciens du village et les vieilles décorations des façades sont les témoins d’une époque où Oucques était un carrefour commercial sur les routes Blois-Châteaudun-Chartres et Orléans-Vendôme-Le Mans, desservi par deux lignes de tramway. L’importante production agricole des plaines fertiles environnantes était alors vendue sur place par les agriculteurs eux-mêmes, pour ensuite partir vers les grands bassins de consommation.

Aujourd’hui, l’agriculture intensive hors sol, qui n’habite plus les territoires qu’elle exploite, et l’urbanisation rapide ont dévalorisé des paysages d’autant plus sensibles qu’ils sont ouverts. Les vieux bourgs caractéristiques sont aujourd’hui noyés au milieu de zones pavillonnaires uniformes que l’on voit, toutes les mêmes, à des kilomètres de distance. La périphérie d’Oucques est particulièrement touchée : elle est l’une des principales « zones à réhabiliter » identifiée par une excellente étude paysagère commandée par le CAUE. Ces zones abritent des populations qui travaillent à Vendôme (vingt minutes de trajet), Blois, Châteaudun (trente minutes), voire Orléans (une heure), souvent en situation précaire, et qui ne connaissent pas le territoire qu’elles habitent.

Ces actions pédagogiques permettent de renouer le lien entre les habitants et leur territoire, entre le collège et le village. Ce sont aussi des outils d’éducation égalitaires, qui donnent l’accès à la culture à ceux qui ne l’ont pas forcément dans leur cercle familial, et qui permettent d’apprendre une histoire et une géographie appliquées très localement, sans passer par les formes habituelles d’apprentissage, de restitution et d’évaluation.

 


Références :

Description, analyse critique et carte des enjeux (.pdf, .jpg) de la Beauce en Loir-et-Cher : Oucques est le point rouge au sud-est de la forêt de Marchenoir.

 

Podcast :