Image : le château de Chambord et la centrale nucléaire de Saint-Laurent réunies dans le même paysage par un photomontage du collectif Dérive, pour l’Odyssée Grand Chambord. Crédits : Dérive.

 

Troisième émission de Feuilles vives, pour explorer comment les intercommunalités impliquent leurs administrés dans l’élaboration de leurs plans d’urbanisme. Deux reportages pour incarner sur le terrain ce sujet à l’abord complexe et austère.

D’abord, un peu de contexte.

La Communauté d’agglomération de Blois et la Communauté de communes du Grand Chambord sont toutes deux engagées dans l’élaboration de leurs Plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUi) respectifs. Les Plans locaux d’urbanisme (PLU) concernaient jusqu’ici l’échelon communal : il s’agit d’organiser l’aménagement du territoire selon des objectifs qualitatifs (habitat social, protection des espaces naturels, mise en valeur du patrimoine), et non plus seulement en termes d’occupation des sols, et ce afin d’éviter la prolifération de zones commerciales, d’activité, ou pavillonnaires (sujet abordé par l’émission « Paye tes esgourdes » sur Studio Zef, dans une promenade érudite et musicale sur l’étalement urbain). L’objectif est également d’impliquer davantage les habitants dans l’aménagement de leur territoire, en planifiant des réunions et enquêtes publiques.

En 2010, l’État français souhaite généraliser la pratique des Plans locaux d’urbanisme à l’échelon intercommunal. Ces PLUi doivent permettre une action publique plus cohérente, car conçue à l’aune d’un territoire bien plus vaste. En revanche, ce processus administratif abscons est d’autant plus éloigné des citoyens qu’il est élaboré par les intercommunalités, avec lesquelles ils n’ont qu’un contact ponctuel et impersonnel, et non plus par les communes. Impliquer les citoyens dans ce processus n’en est que plus stratégique et compliqué.

Cette émission se focalise sur les agriculteurs et les habitants de communes rurales, qui se sentent souvent délaissés par des politiques publiques élaborées dans les centres urbains.

 


Le rôle de la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher dans l’élaboration du PLUi d’Agglopolys

De fait, l’agriculture est le parent pauvre de l’aménagement du territoire : urbanisation et construction d’infrastructures se font en général aux dépens de terres agricoles, et ne tiennent que peu compte des intérêts des agriculteurs.

L’exemple de l’agglomération blésoise est symptomatique. Une commune comme Vineuil a vu bourgeonner les zones d’activités et de pavillons, au point qu’une Zone agricole protégée a dû être instaurée pour protéger les exploitations encore viables. À Blois, l’extension périurbaine au nord et l’hypothèse de la construction d’une deuxième bretelle de sortie d’autoroute fait frémir les agriculteurs des communes voisines.

Pour mieux prendre en compte les intérêts des agriculteurs, et afin de prévenir toute polémique, la Communauté d’agglomération de Blois a décidé de faire de la Chambre d’agriculture un partenaire à part entière dans l’élaboration du PLUi. Celle-ci doit se faire la voix des agriculteurs du territoire, afin de répertorier les terrains les plus stratégiques pour les exploitants (zones AOP viticoles, terres de bonne qualité ou proches des sièges d’exploitation), mais aussi les itinéraires agricoles, empruntés par des engins qui s’accommodent mal de certains aménagements routiers, notamment en vue de réduire la vitesse des usagers.

Les agriculteurs ont donc été appelés à se rendre à des permanences pour présenter leurs remarques et inquiétudes aux techniciens de la Chambre d’agriculture. Ils viennent également pour présenter leurs projets de construction de bâtiments, ou de changement d’activité, afin que ceux-ci ne soient pas empêchés par le prochain PLUi.

Un premier reportage revient sur ces consultations effectuées au printemps dernier.

 


Des chantiers participatifs conçus et construits en collaboration avec les habitants du Grand Chambord

La deuxième partie de l’émission s’intéresse à l’intercommunalité voisine : la Communauté de communes du Grand Chambord, elle aussi en pleine élaboration de son propre PLUi. Pour impliquer les habitants dans l’aménagement de leur territoire, elle a fait appel au collectif Dérive, spécialisé dans la conception et dans la réalisation de chantiers participatifs.

Le Grand Chambord recouvre un territoire vaste et composite, à l’identité floue pour les habitants, et parfois même pour les équipes municipales des communes les plus petites (8 communes sur 17 ont moins de mille habitants). L’objectif est donc de renforcer l’identité d’un territoire aux contours artificiels (à la fois ligérien et solognot, à vocation touristique et agricole), ainsi que d’impliquer les habitants, à la fois dans la construction de cette identité et, grâce aux chantiers participatifs, directement dans l’aménagement de leur territoire.

Diagnostic, enquête, exposition, animation de réunions publiques, conception et réalisation d’installations… Les membres du collectif Dérive multiplient les compétences et les interventions pour que le résultat final de ces chantiers reflète l’identité du territoire et s’accordent aux besoins des habitants. Leur démarche, originale et inspirée, est présentée dans la deuxième partie de l’émission.

Les chantiers participatifs vont démarrer très bientôt. Aux ponts d’Arian, à Tour-en-Sologne, dès le 17 juillet, et à l’étang de Montperché de Neuvy, à la rentrée prochaine. De quoi faire une nouvelle émission, non ?

 


Références :

 

Et enfin, l’épisode en podcast :